Ce domaine est infini - une fois encore tout est possible à condition de ne pas tacher le papier avec de l'huile ou un autre solvant. Les gouaches, les aquarelles, les encres, les détrempés, les huiles (légères...), les acryliques, les pastels, les craies, les terres, tout ce qui peut colorer - transmettre une trace ou une mémoire sur, un subjectile, le papier. Il faudrait dire la multitude de papier.
Je travaille énormément au rouleau avec de l'encre et depuis très longtemps. il est unique, c'est une matière de prédilection. Celui-ci se forme ou se déforme, se coupe, s'entaille, se plie, se perce, se déchire. Il est celui de l'estampe, de la fluidité, de la fibre, et la mémoire de la forme. Il a surtout cette merveilleuse capacité à être en réalité non pas peinte mais tatoué dans sa fibre - d'où cette stabilité et ce lieu de mémoire. Il peut être sgraffité, chose qui permet une démarche toute nouvelle.
Fabriquer son papier peut être de l'ordre du folklore mais doser ces pâtes, permettre dès cette phase, au projet de prendre corps. Il ne faut pas hésiter à réaliser ce travail monastique, cette approche qui est celle de la compréhension du matériau. Tout ce temps préalable nous sera rendu par compréhension de cette matière qui nous guidera. Il ne faut pas toujours laisser les métaux et les matériaux "tomber" d'un air dédaigneux, ils ne pourront que vous trahir si vous ne les avez pas compris.
Le papier à cette apparente neutralité alors que la connaissance oblige à la technique optimale pour pouvoir en attendre de bons résultats. Le papier rappelle qu'il reste le compagnon de tout les jours, de tous les projets et avant projets et, sa présence est permanente. Le papier est assez humble pour être le support de l'esquisse comme du chef d'oeuvre.
Le support de l'oeuvre unique comme des reproductions.
Passeur né, le papier, de part ce qu'il est interpelle nos vies.